vendredi 5 février 2010

Le silence éternel de ces espaces infinis

Je ne suis pas trop calé en philosophie. La réflexion n'est pas mon fort, j'ai toujours privilégié la fuite à l'action et l'action à la réflexion. On pourrait dire que j'ai passé mon temps à fuir, mais même la fuite je ne sais pas le faire. Il serait plus exact de dire que je fais le dos rond en attendant que ça passe. Parfois j'avance quand on me tient la main, quand on me tire de force --pas toujours vers l'avant, je ne crois pas que dans le chemin de la vie il y ait un devant ou un derrière, trois pas sur le côté puis trois pas de l'autre coté c'est toujours voyager.
Récemment je me suis interrogé sur ce qui avait changé ces derniers mois. Bien évidemment certains événements ont bousculé mes envies et mes espoirs, mes craintes et mes questionnements, mais fondamentalement je n'ai pas bougé d'un iota. J'ai peur de la mort, j'avais déjà peur de la mort avant c'est juste que je l'imaginais moins proche et moins inéluctable avant. Mais maintenant je me demande si la peur de la mort n'est pas plus un symptôme de l'agoraphobie, si tout les petits trucs mis bout à bout qui me tordent les tripes et manquent de me faire faire dans mon froc ne sont pas tous des symptômes de l'agoraphobie.
La mort me semble plus proche à chaque instant, si proche que je crois la sentir, que je crois ME sentir à la portée de son doigt, à chaque bruissement de feuille, à chaque fois que mon estomac gargouille, à chaque fois que j'arrive pas à me décider si je prends du chocolat ou du saucisson pour le déjeuner. Je sens que ma vie pourrait s'arreter là, sans raison. Et surtout sans connaitre la raison pour laquelle j'aurais vécu.
J'ai l'impression d'être un caillou posé dans le cours de la rivière qui trouble le courant et empêche de voir le fond. J'ai l'impression d'avoir été placé là pour empêcher la vie d'être limpide et obstruer la compréhension que mes proches pourraient en avoir s'ils n'étaient pas aussi occupés à prendre soin de moi.
Je soigne mon agoraphobie par l'alcool, plus j'y pense plus je pense que c'est ça la vraie raison pour laquelle je penche tant du coté de la bouteille. Les murs me semblent tellement moins loin quand je bois, les gens me semblent plus proches, mieux intentionnés, mais ne cherchent pas à s'approcher trop non plus. Quand j'ai bu tout va tellement mieux, le bruit de la rue me rappelle que je ne suis pas seul et le sentiment d'abandon me fait oublier qu'on va tout crever. Seuls.

Je pense que le concept de paradis a été inventé pour calmer les agoraphobes, et pas du tout convaincre les hérétiques. Le concept d'enfer, lui, existe certainement pour convertir les hérétiques mais je préfèrerait de loin aller en enfer que de subir "le silence éternel de ces espaces infinis" comme le décrit Pascal (si c'était un pote je dirais monsieur P., là il s'agit de quelqu'un que vous devez connaitre au moins plus que moi), et je préfèrerait bruler en enfer que de me convertir.
L'avis de Pascal etait un raisonnement tout à fait irréfutable, si l'eglise a raison alors croyons en une force supérieure pour gagner notre place au premier rang, et si l'eglise a tort, bah on ne prend pas vraiment de risque non plus, donc à tout prendre le choix le plus sûr est celui de la croyance.

Je ne sais pas s'il etait convaincu par sa propre démonstration, moi en tous cas je suis sceptique, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me chiffonne là dedans.

2 commentaires:

Nigel a dit…

j'ai écrit cette note sans savoir où je voulais aller, si quelque chose ne vous semble pas clair, dites le moi que je rectifie ou que je reformule.

Merci

Anonyme a dit…

"aethernal sunshine.." ?