jeudi 25 février 2010

Un peu de gaité ne fait pas de mal

Ma tête est en train de devenir un putain de mausolée. Tous les soirs c'est veillée funèbre dans le cerveau malade de Nigel. Chaque nuit que je dois encore passer dans ce monde me rappelle à quel point il était moins moche quand elle en faisait encore partie. Bien évidemment comme pour tout autel on offre une version biaisée, ça ne se fait pas de dire du mal des morts, bien que les absents aient toujours tort.
Nombreux sont ceux dans mon entourage qui me disent que je ne dois pas me sentir coupable, mais ce que je ressens n'est pas vraiment de la culpabilité. Bien sûr je me sens un peu responsable, mais je me sens surtout perdu. Avec elle tout semblait plus facile, elle n'avait peur de rien et je n'avais qu'à tenir sa main pour me trouver en état de parler aux gens sans avoir les jambes qui tremblent. Maintenant je me cherche, tant de voies à suivre, aucune ne semble la bonne, pour le moment j'ai emprunté les plus simples (j'ai toujours recherché la solution de facilité) et j'ai pu faire machine arrière avant qu'il ne soit trop tard grâce aux copains.
Il me manque quelque chose de matériel auquel me rattacher. Sa tombe se trouve loin, très loin, je n'ai pas encore pu aller la voir. J'ai gardé beaucoup d'affaires à elle, mais je n'arrive pas à les voir comme des reliques qui me rendraient le deuil plus acceptable. Ce ne sont que des objets tristement inertes. J'aimerai que ce soit comme dans les films, on sent la présence de l'autre tout près de nous, on croit qu'on peut lui parler et être entendu et demander pardon pour nos offenses. Que dalle.
Toutes les nuits je réclame sa présence et jamais je ne sens son fantôme sur mon épaule. Parfois je me dis que c'est parce que je n'ai pas compté pour elle, que j'étais du pipi de chat à ses yeux, et parfois mon esprit cartésien me rappelle que c'est juste parce que les fantômes ça n'existe pas.
Est-il nécessaire de rappeler que ça m'emmerde au plus haut point que les fantômes n'existent pas? Je ne veux pas quitter ce monde. Je veux y rester après ma mort. Je veux rester avec mes amis, je veux continuer à picoler après ma mise en bière. Je veux hanter un champ de blé et déconner le samedi soir avec l'épouvantail du coin.
Je ne veux pas être incinéré, mais je ne veux pas être dans un cimetière non plus. Puis un cercueil, pfff... pour quoi faire? le bois ça sert à faire cuire des saucisses au barbecue, à faire des meubles, des cure-dents, du papier, plein de choses, n'en gaspillez pas pour le pauvre corps certainement délabré que j'occuperai au moment de crever. Je veux être enterré sous un champ, sans cercueil, sans plaque et sans croix.
Je sais bien que c'est illégal, mais on peut toujours rêver, et puis les lois peuvent changer entre temps, je ne suis pas pressé de partir.

Je suis très têtu, alors que tout pousse à croire qu'il n'y a pas de vie sans véhicule physique, je refuse toujours d'admettre qu'après la mort il n'y a tout simplement rien.

Mais bordel, qu'est-ce qu'on doit se faire chier après la mort...

Aucun commentaire: