mercredi 10 novembre 2010

Impatience

Le temps passe si lentement que même pendant mon sommeil les heures me semblent longues. Je suis pressé de la revoir pour pouvoir en quelque sorte me prouver que c'est pour de vrai et pas juste des mots prononcés sous influence. Je sais, pour une fois aucune des deux personnes présentes dans mon lit cette fois là n'avait bu, ce qui est une première, mais je n'arrive pas à croire que je puisse plaire à quelqu'un, je me dis qu'il y a forcément une arnaque quelque part.
Pourtant d'arnaque je n'en vois point. Elle est mignonne (en tous cas elle me plait, c'est tout ce qui compte) elle m'amuse, elle ne me casse pas les couilles à rester des heures au telephone pour ne rien dire, elle n'est pas mineure, dépressive, droguée, ni même abimée par les drames de la vie.
Patience, je compte les heures depuis deux jours, il en reste un bon paquet encore. Je n'avais pas été dans cet état là depuis une dizaine d'années, j'ai l'impression d'etre retourné au lycée, j'ai l'impression que c'etait hier. J'ai l'impression que je me suis enfin remis de cette vieille rupture et que je peux reprendre ma vie. Oui, j'aurai perdu dix ans dans l'intervalle, je me serai ramassé plein de merdes dans la gueule, j'aurai eu le temps de prendre un mauvais tournant, mais cette fois ci je crois avoir trouvé mon GPS, que je me rapproche enfin de ma destination.

Je sais, je m'emballe. Je me sens vraiment un homme nouveau. Avec la boisson je suis modéré depuis une semaine et abstinent depuis trois jours, et le plus surprenant c'est que ça ne me manque pas. Non, soyons honnêtes, bien sûr que ça me manque, et les palliatifs que j'utilise sont efficaces, mais j'ai néanmoins un peu envie d'une vraie bière. Non, encore une fois je ne dis pas exactement le fond de ma pensée. J'ai envie de me torcher complètement, de tituber, d'être à moitié conscient, de dire de la merde. Évidemment je n'y ai plus droit, à la rigueur un panaché au comptoir, et encore, un seul. Aujourd'hui je comprends mieux pourquoi on appelle ça un régime sec: pour sortir quelque part, où que ce soit, mis à part une grenadine ou un coca, je n'ai rien le droit de boire. Une soirée au restaurant sans une bouteille de vin, la table est triste.

Passer au régime sec est aussi pour moi un constat d'échec. J'ai essayé de rester modéré et je me suis planté dans les grandes largeurs. Je serai content quand j'aurai pu me convaincre et convaincre mon entourage que je ne bois plus, mais en attendant dans un peu plus d'un mois je serai avec ma famille pour souhaiter l'anniversaire d'un mec qui est mort il y a un bon bout de temps et qu'aucun des convives n'a vraiment connu, et je sais qu'au cours de ces soirées on boit du vin, du champagne, ma mère a toujours un pack de bibine au frigo pour m'encourager à lui rendre visite. Je ne sais pas comment leur avouer que j'ai perdu le combat.


Il ne me reste plus qu'à prendre goût à l'eau.

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